Dédié à l’automesure des paramètres de santé par le patient lui-même, automesure.com livre sa réflexion sur la santé connectée. Depuis cette rubrique, nous regroupons une sélection d’articles, d’études scientifiques, prises de position et dénonciation d’erreurs ou d’arnaques.
De nombreuses personnes utilisent des technologies portables de santé mobile, montres ou bracelets (wearables) qui se qualifient de produits de « bien-être » (wellness). Pour échapper aux exigences de la réglementation médicale, cette catégorie « wellness » renonce aux fonctions de diagnostic et déclare qu’elle ne fait que du « pré-diagnostic ». Ceci est indiqué aux consommateurs sur les notices d’utilisation par des avertissements comme cet exemple : « cette application ne convertit pas votre iPhone ou Apple Watch en un appareil médical et n’est pas destinée à être utilisé dans le diagnostic, la surveillance, la prévention ou le traitement d’une maladie ». Dans leur mode d’emploi ces capteurs parlent de « pré-diagnostic », un terme médicalement peu clair.
Mais les utilisateurs lisent-ils, comprennent-ils et respectent-ils de tels avertissements ? Et qui serait responsable si les patients (voir certains médecins) utilisaient ces applications « wellness » à des fins de diagnostic ? Un article de la revue nord-américaine JAMA répond à ce questionnement. Nous le résumons et le commentons ici.
Parmi les applications permettant des « pré-diagnostics », on peut donner les exemples de logiciels pour smartphone qui suivent les habitudes de toux des utilisateurs (pour en analyser la fréquence et l’intensité), les applications qui suivent les mouvements et la fréquence cardiaque afin de détecter les activités ressemblant à des crises et alerter les contacts d’urgences ; ou d’autres qui utilisent la respiration pour mesurer et suivre le métabolisme du corps. Ces dispositifs peuvent être utilisés comme une première étape pour l’évaluation de la santé et s’appuyer sur elles pour identifier une maladie ou un état. Les utilisateurs peuvent communiquer leurs données à un médecin pour les intégrer dans une évaluation ou l’adaptation d’un traitement. Enfin, à mesure que ces produits se multiplieront et gagneront en fiabilité, les médecins pourraient même en recommander certaines.
Qui est responsable si un produit ne parvient pas à détecter une crise ?
Ces produits se situent dans une zone juridique grise. Qui serait tenu pour responsable si un produit ne parvenait pas à détecter une crise ? Qui serait responsable si un patient (ou un médecin) utilise un produit pour détecter des crises d’asthme alors qu’il ne le fait pas ? Vers qui se retourner si un appareil déclenche des alertes inappropriées conduisant à une conduite de santé non appropriée (comme des recours trop fréquents, stressants et coûteux à des services d’urgences, voir à la mise en route de traitements inutiles) ? En l’état actuel de la réglementation, la responsabilité liée à l’utilisation de ces produits est incertaine, surtout lorsque les dispositifs n’ont pas été certifiés par les autorités de santé (telle la FDA aux Etats-Unis).
Des litiges en perspective ?
Les personnes s’estimant lésées par ces produits peuvent être tentées de poursuivre les fabricants ou d’évoquer des fautes médicales professionnelles dans l’espoir d’obtenir des dommages-intérêts. A ce jour, ces questions n’ont pas encore fait l’objet de litiges, mais les réclamations sont susceptibles de survenir à mesure que l’usage de ces technologies se banalise. Par exemple, le cas pourrait être sensible pour un appareil surveillant la saturation en oxygène du sang et le pouls des nourrissons.
Un fabricant peut être tenu responsable des blessures causées par des produits défectueux par en raison de défauts de fabrication ou de conception (un fabricant est responsable si le produit a causé le préjudice pendant une utilisation prévue, celle à laquelle le produit est habituellement destiné ou celle à laquelle le producteur sait qu’il sera utilisé). Si la fiabilité de la réponse de l’appareil dépend des conditions d’utilisation (et c’est souvent le cas), on note que les avertissements en ce sens ne valent pas ipso facto de clause de non-responsabilité pour le fabricant.
Les médecins pourraient rencontrer des questions de responsabilité non résolues lorsqu’un patient leur apporte des informations à partir d’un produit dit de « pré-diagnostic », en particulier lorsque l’appareil ou l’application utilise l’intelligence artificielle ou une autre technologie opaque. Il sera difficile pour les médecins d’interpréter la signification d’un signal de toux particulier, de données biologiques ou d’un mouvement capté (semblable à une crise) enregistré par un produit de pré-diagnostic sans connaitre sur les méthodes et la fiabilité dont le produit recueille des données ou transforme ces données en informations.
En cas de données non fiables, utilisateurs, fabricants et médecins pourraient se défausser l’un sur l’autre
En cas de litige, des préoccupations sur la qualité des données seront soulevées par les fabricants et les médecins pourraient se reporter sur le rôle de l’utilisateur dans la génération de données. Par exemple, une application d’analyse de la toux demande aux utilisateurs d’initier une session, puis de collecter des données en milieu ambiant chaque fois que l’application est déclenchée, ce qui peut se produire dans des environnements inadaptés à une collecte de données fiables. Les fabricants pourront faire valoir que l’utilisateur était en faute parce qu’il a collecté des données de façon incorrecte. Lorsque les médecins sont impliqués dans l’interprétation des informations, les fabricants pourront prétendre que c’est le médecin qui a fait une erreur. Le médecin, quant à lui, pourra faire valoir que le produit de prédiagnostic n’était pas suffisamment fiable. Ces points de vue différents créent un flou de responsabilité dont le demandeur peut sortir sans indemnisation.
Dans l’attente d’une évolution de la réglementation, restez attentifs aux conseils d’automesure.com
Conscients de ces difficultés, les législateurs seront amenés à faire évoluer la réglementation. Dans l’attente, patients, professionnels de santé doivent être très attentifs aux validations scientifiques des appareils et leurs applications ainsi qu’au respect des conditions de bon usage. Ce que les analyses du site automesure.com rappellent toujours !
En 2022, en France, trois autotests de dépistage d’une infection par le VIH sont disponibles et commercialisés en pharmacie : Autotest VIH®, Exacto® et Insti®. Ils détectent le virus sur du sang capillaire, donc nécessite de faire une piqure au bout du doigt. A ces trois tests, s’ajoute un autre qui repose sur prélèvement au moyen d’une spatule dans la bouche de fluide gingival, il s’agit du test Oraquick® déjà commercialisé depuis 2004 aux Etats-Unis. Il coûte une vingtaine d’euros. Notons que le liquide à prélever est celui des gencives et qu’il ne faut pas le confondre avec la salive.
La Revue Prescrire, dans un article publié en septembre 2022, recommande plutôt l’usage du prélèvement capillaire et juge la fiabilité du test sur fluide gingival incertaine.
En pratique, La Revue Prescrire recommande le test Excato test HIV qui est jugé facile d’utilisation et moins cher (environ 10 euros). La fiabilité maximale des tests est considérée comme maximale lorsqu’ils sont utilisés 3 mois après une possible exposition au virus.
Le site automesure.com informe sur les autotests du VIH depuis 2005. Enfin en 2015, ils sont disponibles en pharmacie.
15 septembre 2015 : les autotests VIH disponibles en pharmacie Autotests de dépistage de l’infection par le VIH Information à l’intention des professionnels de santé et des association, mars 2015, HAS
Utilisation d’un oxymètre de pouls : pas si simple
Dans un article publié par la revue Médicale Suisse, les docteurs Dany Baud et Nicolas Postel-Vinay détaillent les avantages et les limites de l’utilisation des oxymètres de pouls (appelés encore saturomètres) par les patients ou les professionnels. En deux mots, l’appareil est simple à utiliser mais il est difficile, voire impossible, d’interpréter le résultat affiché sans connaitre précisément la situation du patient. Voici quelques extraits publiés ici avec la permission de l’éditeur.
« D’abord utilisés aux blocs opératoires et en salles de réveil, les oxymètres de pouls occupent, aujourd’hui, une place incontournable dans la pathologie pulmonaire surtout à l’hôpital, mais aussi désormais à domicile. Si le maniement du dispositif ne pose pas de grandes difficultés, en revanche, la véritable question est de préciser ce qu’un utilisateur non professionnel (patient, famille, aidant) peut faire des résultats. (…). À quelles conditions l’automesure de la SpO2 peut-elle permettre à un patient d’évaluer l’évolution et la gravité de sa situation, puis de réagir en conséquence (par exemple, consulter ou appeler un service d’urgences) ? L’enjeu est d’apprendre au patient à utiliser cette mesure afin d’améliorer sa propre prise en charge.
(…) Les résultats de l’oxymétrie ne peuvent pas être interprétés sans prise en compte de la nature de la pathologie du patient et du contexte clinique. En omettant ces réserves, trop de publicités accompagnant les ventes d’oxymètres véhiculent une trompeuse notion de simplicité.
En pratique, un résultat normal écarte une hypoxémie
Le principal message pour un patient est qu’un résultat normal de saturométrie permet d’écarter une hypoxémie (un peu comme un thermomètre à infrarouge sans contact permet d’écarter une fièvre). À cette étape, la lecture du résultat est binaire : soit la SpO2 est normale (≥ 95 %), soit elle ne l’est pas (car inférieure à cette valeur). Patients et aidants doivent être avertis que l’interprétation des valeurs basses et donc les choix de conduite à tenir, peuvent parfois se révéler complexes. Pour ce qui est des messages simples — voire simplistes —, on peut indiquer au patient ; qu’il est parfois opportun de vérifier l’évolution des variations dans le temps (à quelques dizaines de minutes ou heure d’intervalle); qu’il est utile deconnaître sa valeur « habituelle » à titre de référence.
Covid : la surveillance de la SpO2 est utile et faisable au domicile
En cas de Covid, la plupart des patients atteints de forme pneumonique grave ne ressentent pas initialement d’essoufflement. (…) Une autosurveillance oxymétrique des patients Covid ou suspects de Covid au sortir des services d’urgences et ne nécessitant pas une hospitalisation permet de dépister ceux qui devront l’être dans un deuxième temps. La mesure peut être réalisée par le patient (automesure) ou par des intervenants au domicile, avec connexion parfois à des plateformes de télémédecine. Le service médical rendu de la surveillance de l’oxymétrie dans la pneumopathie Covid est majeur.
Asthme : ne pas se tromper d’outil d’automesure. Le patient ne doit pas se tromper de mesure : l’appareil d’autosurveillance de l’asthme est d’abord le peak-flow (mesure du débit de pointe) et on ne recommande pas l’usage d’un oxymètre aux asthmatiques.
BPCO : des valeurs isolées de SpO2 potentiellement trompeuses.
L’automesure de la SpO2 par un patient souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est potentiellement trompeuse car sa valeur n’est pas nécessaire pour identifier une exacerbation, ni en définir seule sa gravité potentielle.
Quelles tâches et compétences confier au patient ?
Les réserves faites plus haut montrent les difficultés à transcrire les connaissances, la mesure et l’interprétation de la SpO2 en objectifs pédagogiques à atteindre pour un patient porteur d’une maladie respiratoire chronique (avec ou sans oxygénothérapie). Rappelons ici que tout objectif d’éducation thérapeutique doit être réaliste, cliniquement pertinent et sûr ; c’est-à-dire sans ambiguïté et sans conséquence néfaste possible. Devant ces difficultés, la communication depuis le domicile d’un résultat d’oxymétrie à un professionnel via un système de télémonitoring ou de la téléconsultation peut avoir un intérêt puisque l’interprétation du résultat reste du rôle du professionnel. Dans ce contexte, il s’agit d’automesure et non pas d’autogestion. Par exemple, en cas de pathologie aiguë pulmonaire ou cardiaque, une SpO2 inférieure à 92 % participe aux critères d’hospitalisation, ou chez le nourrisson porteur de bronchiolite une SpO2 inférieure à 94 % est un signe de grav
Conclusion sous forme de notions clés
L’oxymètre de pouls est un instrument incontournable pour les professionnels de santé.
Son intérêt premier est d’écarter une hypoxémie.
En cas de Covid, la surveillance de la SpO2 permet de détecter l’hypoxémie prédictive d’une évolution défavorable.
Une compréhension insuffisante des résultats de SpO2 peut être à l’origine de décisions inadaptées.
Le conseil d’usage d’un oxymètre de pouls doit obligatoirement être associé à une éducation thérapeutique.
Pour une personne saine, la mesure de l’oxymétrie au moyen d’une montre connectée dans n’importe quelle circonstance n’a pas de sens médical.
Chez les sportifs, l’automesure de l’oxymétrie réalisée dans une intention performative, n’est qu’une illusion sanitaire.
Contrairement au thermomètre ou la balance, l’oxymètre de pouls n’a pas sa place dans l’armoire à pharmacie familiale.
Référence : Baud, D., Postel-Vinay N. Utilisation d’un oxymètre de pouls au domicile par les patients en vue d’une autogestion. Pertinence, difficultés et mésusages. Rev Med Suisse. 2022; 8 (785): 1173–1176.
On trouve à la vente sur internet des oxymètres de pouls bon marché et des échanges sur l’utilité de ces appareils pour un usage par des non médecins. Qu’en penser ?
Un oxymètre de pouls connecté pour les asthmatiques ? Non merci
Les oxymètres de pouls sont en vente libre. Certains sont connectés et des publicités en vantent l’utilité pour la surveillance des crises d’asthme. Ce n’est pas probablement une bonne idée car ils manquent de fiabilité dans cette indication. Une crise d’asthme grave peut mettre un patient en danger avant que la saturométrie en oxygène ne baisse. Au total, l’équipe médicale d’automesure.com déconseille l’utilisation des oxymètres de pouls pour l’autosurveillance de l’asthme (lire plus haut)
Pour en en savoir plus voir notre article paru dans Info Respiration Accès à l’article
On peut trouver sur internet de nombreux appareils proposant de mesurer la tension artérielle en s’adaptant simplement autour du poignet comme un bracelet (appelés smart wrist band en anglais). On les classe dans la catégorie des dispositifs de mesure de pression artérielle sans brassard (cuffless en anglais). Les experts ne recommandent pas ces appareils sans brassard pour le diagnostic et prise en charge de l’hypertension, même si – pour l’avenir – on peut espérer qu’ils fourniront des mesures précises de la pression artérielle. Ces appareils sans brassard sont relativement bon marché et d’apparence séduisante mais ils présentent des problèmes de précision. Ils ne peuvent pas être validés suivant les protocoles conçus pour les tensiomètres classiques de pression artérielle à brassard (qui se placent au bras ou au poignet). Les futures validations des dispositifs sans brassard devront résoudre des problèmes liés au besoin d’étalonnage individuel des appareils, à la stabilité de leurs résultats et à leur capacité à suivre les changements de tension au fil du temps, notamment lorsque la tension est mesurée à n’importe quel moment en dehors du repos. En pratique, les médecins de la société européenne d’hypertension artérielle nen déconseillent l’usage et les patients ne doivent pas s’y fier. En clair, l’équipe médicale d’automesure.com met en garde les consommateurs et recommande de ne pas confier sa santé à des appareils qui manquent encore d’expertise.
Pour en savoir plus, les professionnels peuvent se référer au travail de la société européenne d’hypertension publié en juin 2022 sous la référence :
Stergiou GS, Mukkamala R, Avolio A, Kyriakoulis KG, Mieke S, Murray A, Parati G, Schutte AE, Sharman JE, Asmar R, McManus RJ, Asayama K, De La Sierra A, Head G, Kario K, Kollias A, Myers M, Niiranen T, Ohkubo T, Wang J, Wuerzner G, O’Brien E, Kreutz R, Palatini P; European Society of Hypertension Working Group on Blood Pressure Monitoring and Cardiovascular Variability. Cuffless blood pressure measuring devices: review and statement by the European Society of Hypertension Working Group on Blood Pressure Monitoring and Cardiovascular Variability. J Hypertens. 2022 Aug 1;40(8):1449-1460.
Les informations de cette rubrique ont deux objectifs principaux : • promouvoir l’éducation thérapeutique des patients recevant des médicaments anticoagulants, • promouvoir la recherche clinique sur l’intérêt et les modalités de l’automesure de l’INR.
The Home INR Study
L’automesure de l’INR au domicile est faisable à grande échelle.
Le suivi des patients traités par antivitamines K requiert des dosages réguliers de l’INR, le patient devant se situer dans une zone cible pour éviter d’être trop – ou pas assez – anticoagulé. Cette mesure est classiquement effectuée par un biologiste en laboratoire, mais peut aussi être réalisée par automesure, directement au domicile du patient. Les avantages et inconvénients respectifs des deux méthodes sont débattus depuis plusieurs années.
L’étude THINRS, (The Home INR Study) contribue à alimenter le débat (1). Il s’agit d’un essai prospectif randomisé ouvert conduit dans 28 centres aux Etats-Unis, entre août 2003 et mai 2008, comparant l’automesure effectuée toutes les semaines à une mesure classique chaque mois. Etaient inclus des patients présentant une fibrillation auriculaire et/ou porteur de valve cardiaque mécanique, traités par anticoagulant oral (warfarine) au long cours, ayant suivi une formation à l’automesure de l’INR sanctionnée par une évaluation des compétences.
Ce n’est qu’après éducation que les 2922 patients inclus ont été randomisés en deux groupes : groupe « automesure » (une mesure hebdomadaire d’INR au domicile par le patient au moyen d’un dispositif d’automesure, résultat communiqué via un serveur vocal à la clinique des anticoagulants. n=1465) et groupe « mesure de haute qualité en clinique » (une mesure mensuelle d’INR par ponction veineuse en clinique d’anticoagulants. n =1457). Dans les deux cas, l’équilibration a été effectuée par le personnel soignant de la clinique. La durée moyenne de suivi a été de 3 ans, soit un total de 8730 patients-années de suivi. L’analyse statistique a été réalisée en intention de traiter.
Premier enseignement, il n’a pas été mis en évidence de différence significative entre les deux groupes concernant le délai écoulé avant le premier événement clinique majeur, à savoir un accident vasculaire cérébral, une hémorragie majeure, ou un décès (risque relatif 0,88 ; IC95% 0,75-1,04 ; p=0,14). C’était le critère de jugement principal. Une certaine déception pour les partisans de l’automesure à première vue. Cependant la bouteille peut aussi être vue à moitié pleine car le groupe automesure se distingue favorablement avec les critères de jugement secondaire, à savoir : le pourcentage de temps où l’INR se situait dans la zone thérapeutique, la satisfaction du patient concernant le traitement anticoagulant, la qualité de vie globale et la survenue d’événements cliniques mineurs (infarctus du myocarde ou d’autres organes, maladie veineuse thrombo-embolique).
Le pourcentage de temps où l’INR se situait dans la zone thérapeutique était plus élevé dans le groupe automesure (différence absolue 3,8% ; IC95% 2,7-5 ; p < 0,001). La satisfaction du patient était supérieure dans le groupe automesure (différence -2,4 points ; IC 95% -3,9–1,0 ; p = 0,02), ainsi que la qualité de vie (différence 0,155 points ; IC 95% 0,111-0,198 ; p < 0,01). Enfin, il n’a pas été mis en évidence de différence significative de coût entre les deux méthodes de mesure (p = 0,32).
La qualité méthodologique de cette étude (analyse en intention de traiter, effectif important, long suivi, peu de perdus de vue) permet d’accorder un haut niveau de preuve aux résultats : l’automesure hebdomadaire, comparée à la mesure mensuelle de haute qualité en clinique, ne retarde pas la survenue d’accident vasculaire cérébral, d’hémorragie majeure ou du décès. Ceci constaté, l’amélioration des critères secondaires est intéressante, même si le caractère ouvert de l’étude introduit un biais d’évaluation. On notera également que l’automesure a été ici comparée à une mesure de haute qualité en clinique d’anticoagulants, méthode de référence loin de la pratique courante, car peu répandue en pratique. C’est d’ailleurs là où les études précédentes avaient conclu à une supériorité franche de l’automesure. Cette étude THINRS montre que l’automesure est réalisable à grande échelle : 80 % des patients inclus ont acquis les compétences nécessaires à l’automesure après avoir suivi une formation spécifique.
Référence :
Matchar DB et al. Effect of home testing of international normalized ratio on clinical events ». N Engl J Med. 2010 Oct 21;363 :1608-20
« Ne pas utiliser si la femme présente l’une des pathologies décrites ci-dessous. En cas de survenue pour la première fois de l’une de ces pathologies lors de la prise d’une contraception orale combinée, interrompre immédiatement le traitement : thrombose veineuse ou antécédent de thrombose veineuse (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire) ; thrombose artérielle ou antécédent de thrombose artérielle (par exemple infarctus du myocarde), ou signes précurseurs de thrombose (par exemple : angor et accident ischémique transitoire) ; accident vasculaire cérébral (AVC) ou antécédent d’AVC ; présence d’un facteur de risque sévère ou de plusieurs facteurs de risque de thrombose veineuse ou artérielle : – un diabète avec complications vasculaires ; – une hypertension artérielle sévère ; – une dyslipoprotéinémie sévère. prédisposition héréditaire ou acquise à la thrombose veineuse ou artérielle (résistance à la protéine C activée (APC), déficit en antithrombine III, déficit en protéine C, déficit en protéine S, hyperhomocystéinémie et anticorps anti-phospholipides (anticorps anti-cardiolipine, anticoagulant lupique)) ; pancréatite ou antécédent de pancréatite associée à une hypertriglycéridémie sévère; antécédent de migraine avec signes neurologiques focalisés »
Rédaction équipe médicale automesure.com Source ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Février 2013. Extrait du RCP d’une pilule estroprogestative de 3ème génération.
L’autorisation de commercialisation en France des appareils d’automesure d’INR est possible depuis l’arrêté paru au Journal Officiel du 24 Juin 2008. La France suit ainsi des pays comme la Belgique, l’Italie ou l’Allemagne où ses appareils sont largement utilisés et facilement disponibles depuis plusieurs années.
Coaguchek XS
Commercialisé par Roche Diagnostic cet appareil fonctionne comme les lecteurs de glycémie : il comprend un lecteur disposant d’un écran où s’affiche le résultat après dépôt d’une goutte de sang sur une bandelette réactive.Comment cela marche ? Poser l’appareil sur une table ; piquer le côté d’un doigt, en 15 secondes maximum déposer la goutte de sang sur la bandelette. Le résultat s’affiche sur l’écran dans la minute.L’appareil pèse 127 gr. mesure 138 X 78 X 28 mm. Le prix TTC du lecteur CoaguChek XS est de 800 € TTC environ ( le coffret de 24 bandelettes est à 120 € TTC), (prix Janvier 2013). La Haute Autorité de Santé a donné un avis favorable pour la prise en charge des patients porteurs de valves mécaniques (8 mars 2016).
Commercialisé par la Société ALERE cet appareil comprend un lecteur disposant d’un écran où s’affiche le résultat après dépôt d’une goutte de sang sur une bandelette réactive. Il est vendu en pharmacie au prix de 800 euros TTC environ . Lire la plaquette de présentation (en anglais) cliquez ici
Documents
Avis de la Commission d’évaluation des produits et prestations sur le Coaguchek XS (Haute autorité de santé. 18 avril 2007). Pour lire le document cliquez ici.
Avis similaire pour le dispositif INRatio, cliquez-ici
Réponses à quelques questions adressées sur automesure.com
Puis-je mesurer moi- même mon INR ?
Oui, mais attention il serait totalement déraisonnable de le faire sans être bien d’accord avec vos médecins. C’est un geste qui doit s’apprendre et l’interprétation de votre taux d’INR est délicat. Soyez autonome à la seule condition d’avoir l’accord des médecins, il y va de votre santé , ne prenez pas de risque.
Puis-je acheter un appareil d’automesure d’INR, même si je suis un adulte ?
Oui. Toutes les pharmacies peuvent délivrer un tel appareil. Mais en France son remboursement n’est possible que pour les enfants et sur prescription d’un service spécialisé de cardiologie ou de pédiatrie. (Soit environ 300 enfants concernés en France en 2008).
Mon médecin, (mon pharmacien), n’est pas au courant de ces appareils, que puis-je faire ?
Donnez lui l’adresse du site et qu’il nous contacte par courrier électronique nous lui répondrons autant que possible.
Je possède depuis 2007 un Coagucheck que j’utilise souvent et toujours lors de mes déplacements à l’étranger. Mais les résultats de mon appareil ne sont JAMAIS en corrélation avec les résultats labo. Avez vous connaissances d’autres doléances de cette sorte et ….. quoi faire ?
Il faut distinguer deux situations : si les différences sont peu importantes et que vos résultats avec l’appareil d’automesure et avec le laboratoire restent dans la bonne zone de l’INR (proche de l’INR cible), alors il n’y pas vraiment de problème. En revanche si une des deux méthodes est en dehors, et surtout si l’INR est trop élevé (par exemple au desssus de 4 ou 5) alors soyez prudent et prenez contact avec votre médecin ou votre biologiste. Les appareils d’automesure modernes sont devenus très fiables et sont équipés de dispositifs de contrôle, mais vous pouvez demander au fabricant de contrôler le votre en cas d’éventuel dysfonctionnement. Il existe aussi des laboratoires d’analyse biologique qui disposent d’appareils mal réglés ou bien qui n’appliquent pas bien les regles de mesure. Par exemple, une fois la prise de sang faite, si le laboratoire attend trop longtemps avant de l’analyser le résultat peut- être inexact.
Je serai intéressé par un appareil pouvant mesurer mon taux INR moi-même. Pouvez-vous m’indiquer le moyen de m’en procurer un, même si c’est à l’étranger. Merci de votre aide.
Depuis juin 2008 nous vous conseillons d’acheter votre appareil en France pour des raisons de contrôle en cas de problème. Cela dit nous ne vous cachons pas que les prix devente à l’étranger (en Allemagne par exemple) sont inférieurs ; dans ce pays 18 000 appareils ont été vendus (chiffre 2008) ce qui explique leur prix inférieur. En Allemagne on compte 200 000 utilisateurs de l’automesure.
Question posé en 2001 : Selon votre site, ils existent des appareils permettant de mesurer soi même son taux du INR, appareils mais ils ne sont pas encore commercialisés en France. Est-ce que ces appareils sont fiables ? Pourquoi ils ne sont pas encore commercialisés en France ? Dans quels pays sont déjà commercialisés ?
Réponse faite en 2001. Le site automesure évoque les avantages de l’automesure car ils sont décrits dans la littérature scientifique mais nous ne sommes pas en mesure de vous communiquer les noms de marque des appareils vendus en Italie, en Belgique ou en Allemagne . Nous avons interrogé le Conseil National de L’Ordre des médecins à ce sujet et sa réponse nous nous incite à la réserve (cliquez ici pour la lire).
Pourquoi la France est-elle retard sur ce sujet ?
Nous ne sommes par certains de notre réponse, mais bien des responsables du ministère de la santé que nous avons interrogés évoque le lobby des biologistes des laboratoires privés qui ne fait rien pour avancer les choses par peur de perdre du chiffre d’affaire.
Pétition
L’association AVK control a proposé une pétition pour le remboursement de l’automesure chez les patients sous AVK (clotûre Août 2009). Pour prendre connaissance de cette initiative, visitez les site www.avkcontrol.com
Pour en savoir plus
Pour en savoir sur l’automesure de l’INR et la gestion des traitements anticoagulants visitez notre rubrique
Les balances classiques mesurent le poids corporel, sans distinguer la masse maigre (les os, les muscles et les viscères, les secteurs liquidiens) de la masse grasse (tissus adipeux). Or, Le poids corporel est une entité hétérogène. Des variations de la masse grasse par rapport a la masse maigre d`un individu sont présentes dans de nombreux états, physiologiques et pathologiques. Le plus fréquent d’entre eux, l’obésité, est défini par un excès de masse grasse. A l’opposé, la malnutrition entraîne une diminution de la masse maigre et des réserves de la masse grasse. Diverses maladies d’organes sont également accompagnées de troubles du bilan hydrique. L’âge, les modifications hormonales physiologiques (puberté, grossesse, ménopause), s’accompagnent aussi de modification de la masse grasse et de la masse maigre. La distinction entre le gras et le maigre est possible en mesurant l’impédance du corps humain. Cette technique dont le principe repose sur la mesure de la conductivité des différents tissus est désormais à la disposition du grand public : c’est l’impédancemètre. Grâce à un courant alternatif de faible intensité de 500 à 800 micro-ampères, d’une fréquence qui passe entre les deux pieds, la mesure de la résistance (impédance) à ce courant, permet en effet d’extrapoler l’eau corporelle et donc la masse maigre, en admettant un facteur d’hydratation constant. La masse grasse est alors calculée par soustraction. Les résultats sont exprimés en pourcentage de masse grasse soit masse grasse totale (kg) divisée par le poids corporel (Kg).
Mode d’emploi
La personne monte sur la balance en plaçant ses pieds nus sur des marques (électrodes). La première précaution pour avoir un résultat interprétable est de mesurer » in vivo » le poids au centigramme pres, la taille actuelle au cm pres, et de taper sur le clavier de la calculatrice de la balance ces données ainsi que l’âge et le sexe. Toutes ces données sont nécessaires pour obtenir des résultats à partir des équations prédictives insérées dans la mémoire de la calculatrice… L’interprétation du résultat n’est pas simple car la masse maigre est constituée d’une forte proportion d’eau (à l’intérieur comme à l’extérieur des cellules). Or celle-ci varie constamment. Ainsi, entre le soir et le matin on peut avoir la surprise de voir sa masse grasse augmenter de 2 à 5 % pendant la nuit ! Mieux vaut donc se peser dans les mêmes conditions, en sous-vêtement, vessie vide, sans bijoux, les pieds secs, à la même heure, le matin à jeun, pour limiter de telles variations.
Interprétation des résultats
Pour aider l’utilisateur à interpréter les résultats, les fabricants proposent des valeurs de référence : les fourchettes optimales pour la proportion de graisse dans le corps, en fonction du sexe, de la taille et de l’âge. Celle-ci va de 13 % à 18 % pour un homme de 20 à 29 ans, et de 18 % à 23 % pour une femme du même âge. À partir de 50 ans, elle sera de 16 % à 21 % pour un homme et de 21 % à 26 % pour une femme. Ces normes figurent dans la notice d’utilisation de l’appareil, à conserver et à consulter régulièrement. Des marques affichent ces paramètres à l’écran en chiffres ou sous forme de pictogrammes colorés. Reste à savoir ce que valent médicalement ces informations. À ce titre, les brochures fournies par les fabricants de balances ne sont guère fiables.
Inadaptées pour certaines personnes
Ces pèse-personnes ne conviennent pas pour les sportifs et culturistes qui ont une masse musculaire importante. L’utilisation de l’impédancemètre ne convient pas aux porteurs de stimulateurs cardiaques et autres implants médicaux électriques. Les résultats peuvent être faussés chez certains publics : sujets ayant des pieds déformés, des durillons, des sujets diabétiques ou des sujets ayant une obésité sévère, les femmes enceintes, comme les personnes ayant des œdèmes, insuffisants cardiaques, insuffisants rénaux, les personnes en dialyse, souffrant d’ostéoporose, prenant des médicaments contre les troubles cardiovasculaires…Les résultats ne sont valables que chez les sujets en bonne santé. Enfin, on s’assurera avant l’achat, de la stabilité de l’appareil, surtout pour les personnes âgées.
Choisir des appareils validés
Choisir des appareils validés par le constructeur par des mesures de masse grasse en % effectuée sous contrôle sur un certain nombre de sujets définis par leur age, leur corpulence. Il faut savoir que les appareils professionnels utilisés en milieu hospitalier ou en cabinet médical spécialisé sont de meilleure qualité que les appareils grand public. Les appareils valides proposent une erreur totale de mesure de la masse grasse en % inférieure à 3.5 %. Il reste que les résultats sont souvent pris à défaut à l’échelon de l’individu. Ces balances impédancemètres peuvent néanmoins être utiles pour étudier la masse grasse d’un groupe de sujet ou d’une population. Il est effectivement montré que dans ces indications, la mesure de la masse grasse en % est plus exacte que celle calculée par l’indice de corpulence. Des variations de mesures sont également importantes entre les différents appareils et ne permettent pas de comparaisons de résultats entre les différents groupes étudiés avec les différents appareils.
Trop chers pour un service rendu faible
Les impédancemètres présents sur le marché différent par le design (en médecine, la beauté ne veut pas dire qualité ou utilité), la portée maximale (de 136 à 160 kg) et le nombre de mémoires (certains enregistrent les données de deux à dix utilisateurs). Certains conservent les données de la dernière pesée ou prennent en compte l’activité physique, indiquent les besoins caloriques journaliers moyens, évalués en fonction du métabolisme de base (ce dont a besoin le corps au repos) correspondant à la corpulence de l’utilisateur. Ces perfectionnements assez inutiles ne doivent pas vous écarter du bon sens : ce n’est pas à une machine de dicter vos mesures et vos loisirs ! Reste à savoir si ces pèse-personnes assez onéreux (de 75 € à 160 €), sont indispensables à avoir chez soi. Ils aideront peut-être les sportifs obsessionnels à optimiser leur alimentation et à entretenir leur préoccupation sur leur image du corps. Mais leur utilité n’est pas démontrée pour tout public : même astreint à un régime médical, une stricte pesée à jour et heure réguliers sur une bonne balance (toujours la même) fait l’affaire. Restons simple et n’oublions pas que pour toutes les questions par rapport a son poids, un bon conseil médical vaut bien mieux qu’une idée fausse qui prend la tête. Même pour le médecin, l’analyse de la masse grasse doit ainsi être complétée par le recueil de multiples paramètres pour ne citer que : le sexe, l’âge du sujet, l’histoire pondérale, la variation du poids sur les mois précédents, la recherche d’œdèmes, l’appréciation des apports alimentaires, l’appréciation de l’activité physique et sportive quotidienne, les antécédents médicaux, la prise de médicaments… En définitive, il n’est pas utile d’évaluer pour sa propre valeur la masse grasse, la masse maigre. Il est au contraire, recommandé d’intégrer l’analyse de ces mesures dans la pratique d`un examen médical permettant une appréciation globale de l’état nutritionnel de l’individu.
Source : Automesure.com Dr Jocelyne Raison, médecin nutritioniste. Janvier 2003