mémoire
Validation française du Tym Test : Mai 2012
Une version française du TYM test a été développée par automesure.com en lien avec son concepteur le Dr Jeremy Brown (Cambridge – Grande Bretagne). Les premiers résultats ont été présentés à la 11ème Réunion Francophone sur la Maladie d’Alzheimer et les syndromes apparentés (Toulouse – 24 mai 2012) et publié dans le Journal « Maladie d’Alzheimer Recherche et Pratique clinique ».
Nous présentons ci le résumé de ce travail réalisé par Nicolas Postel-Vinay, Olivier Hanon, Pierre Clerson, Jeremy Brown, Jean-Jacques Péré et Joël Belmin avec l’aide de Joël Ménard.
Titre : Intérêt d’un auto-questionnaire (TYM Test) pour le repérage des troubles cognitifs, chez les patients présentant une plainte mnésique adressés en « consultation mémoire ».
Introduction
Le Test Your Memory Test (TYM test) [BMJ 2009] est un nouvel outil explorant différentes fonctions cognitives, qui peut être administré par le patient (auto administration) ou son entourage. Il comprend 10 questions pour un score maximal de 50. Plus le score est bas, plus les capacités cognitives sont altérées. Il a été proposé pour le repérage des patients déments. Une version française du TYM test a été développée. Nous présentons ses propriétés métrologiques et psychométriques.
Matériel et Méthodes
L’étude a été réalisée dans 5 centres mémoire experts auprès de primo-consultants ambulatoires rapportant une plainte mnésique. Dans le cadre d’une « consultation mémoire », le TYM test a été administré avant tout autre test de dépistage et avant le bilan mémoire (consultation médicale spécialisée, tests neuropsychologiques, imagerie cérébrale, biologie) sans que son résultat ne soit transmis aux professionnels en charge d’établir le diagnostic de trouble cognitif. La validité concurrente du TYM Test a été étudiée versus le MMSE (version Greco), le MIS (Memory Impairment Screen),, le CODEX et la Geriatric Depression Scale (GDS). La cohérence interne a été évaluée par l’alpha de Cronbach (α) et la reproductibilité inter-cotateurs par le coefficient de corrélation intra-classe (ICC). Les performances du TYM pour le diagnostic de démence ont été évaluées par la sensibilité, la spécificité, les rapports de vraisemblance (RV) positifs et négatifs, les valeurs prédictives positives (VPP) et négatives (VPN). Le seuil optimal a été déterminé par régression logistique et courbe ROC.
Résultats
Deux cent un patients (77±10 ans, 68.2% de femmes, 49% de niveau baccalauréat ou au delà) ont rempli le TYM test et ont été évalués par un médecin spécialisé. Seuls 26 patients (13 %) ont eu besoin d’une aide modérée ou majeure pour remplir le questionnaire, d’autant plus souvent qu’ils étaient âgés, que leur niveau d’études était faible ou qu’ils étaient déments. Le diagnostic de démence a été porté chez 68 patients (dont 48 démences de type Alzheimer) ; 46 patients n’avaient aucun trouble cognitif, 22 un MCI non amnésique, 68 un MCI amnésique.. Le score du TYM test s’établissait à 43.5±6.6/50 en l’absence de trouble cognitif et à 30.9±7.6 en cas de démence (p<0.0001). Le score était corrélé à l’âge (corrélation inverse) et au niveau d’études (corrélation positive). La reproductibilité inter-cotateurs (ICC 0.99) et la cohérence interne (α=0.83) étaient excellentes. Le score TYM était corrélé au MMSE (r=0.78), au MIS rappels libres (r=0.51), au MIS rappels différés (r=0.54) mais pas au score GDS (r=-0.03) ; il était d’autant plus faible que la probabilité de démence calculée par le CODEX était élevée (p<0.0001). Un score TYM£39 permettrait de suspecter la démence avec une sensibilité de 0.90 et une spécificité de 0.70, soit, dans ce groupe, un RV positif de 2.98 [1.59-5.59] et un RV négatif de 0.15 [0.07-0.31], une VPP de 0.60 et une VPN de 0.93.
Discussion
La version française du TYM test démontre des propriétés métrologiques intéressantes pour contribuer au repérage des démences dans cette population et présente l’avantage sur les outils existants de pouvoir être administré en quelques minutes par le patient lui-même ou toute personne de son entourage. Il reste à étudier en médecine générale, à quelles conditions le TYM test pourrait être un outil d’aide à la décision pour les médecins traitants orientant les patients se plaignant de troubles mnésiques pour un avis spécialisé.
Rédaction Nicolas Postel-Vinay en lien avec Jeremy Brown et Pierre ClersoNicolas Postel-Vinay physician Hypertension unit, Hôpital Européen Georges Pompidou, 20 rue Nicolas Leblanc 75015 Paris, France B Hanon professor Department of Geriatry, Hôpital Broca, 75013 Paris, France P Clerson physician, Orgamétrie biostatistiques, 59100 Roubaix, France J Brown physician Department of Neurology, Addenbrooke’s Hospital, Cambridge CB2 2QQ J, England, J Ménard université René Descartes , JJ Péré ; Novartis, J Belmin professor, Department of geriatrics, Hôpital Charles Foix and university UPMC, 94200 Ivry sur Seine, France
Correspondence to: N Postel-Vinay automesure@gmail.com
Mise en ligne : mai 2012 par Nicolas Postel-Vinay pour automesure.com. Ce travail a été possible grâce à l’Association Rivages, la société Orgamétrie et un soutien de Novartis.
Vidéo expliquant aux professionnels comment passer le Tym test
Source : Rédacilm réalisé par Imothep .
Copyright Imothep. Avril 2011
TYM test
Le TYM test est un nouveau test de mémoire pour la détection de la maladie d’Alzheimer. L’équipe d’automesure.com a mis en place sa traduction et sa validation en Français.
Qu’est ce que le TYM Test ?
Le Test Your Memory (TYM test) a été proposé par J Brown en 2009. C’est un outil simple, rapide à administrer, qui ne requiert qu’une aide minimale par un médecin ou une infirmière, voir l’entourage d’une personne se plaignant de troubles de la mémoire. Il comprend 10 questions intégrant différentes fonctions cognitives (orientation, capacité à recopier une phrase, connaissance sémantique, calcul, capacité à discerner les points communs ou les ressemblances, dénomination, capacités visiospatiales, rappel différé). Chaque question est cotée sur 5 points pour un total maximal de 50 points.
A quoi sert-il ?
Le Tym test n’est pas destiné à remplacer un test de référence comme le MMSE. En revanche sa simplicité le rend utile pour toutes les situations – fort nombreuses – où le test MMSE n’est pas effectué. Il apporte une aide au repérage des troubles cognitifs.
Comment faire passer le Tym Test ?
Le Tym test est simple à faire passer. L’équipe automesure.com en lien avec J Brown a réalisé un mode d’emploi sous forme de vidéo. Voir la vidéo
Comment obtenir la version validée ?
Toutes les versions françaises trouvées sur Internet ailleurs que sur automesure.com ne sont pas conformes. Ce sont des traductions « pirates » scientifiquement non correctes. Notre version française est disponible ici
Elle est soumise à copyright et sa reproduction sur d’autre sites internet ou toutes autres formes de publications est interdite sans l’accord des auteurs (N. Postel-Vinay, J. Brown et al.).
Comment coter le Tym Test ?
Pour faciliter la cotation du test par des personnes non formées, l’équipe automesure.com a mis au point un logiciel de cotation en partenariat avec J. Brown.
Pour en savoir plus à ce sujet, nous écrire
Quelles sont les publications scientifiques concernant le TYM Test ?
Quelles sont les publications scientifiques concernant le TYM Test ?
La publication princeps est celle de J Brown dans le British médical Journal (2009). (en savoir plus)
La première annonce de la validation française a été dans congrès scientifique en Mai 2012 ; (en savoir plus)
Rédaction Nicolas Postel-Vinay en lien avec Jeremy Brown et Pierre Clerson. Décembre 2012 – Actualisation mars 2014
Test des cinq mots
Le test des cinq mots comprend plusieurs temps : un apprentissage avec indiçage, un rappel immédiat, et un rappel différé après une épreuve intercurrente.
Déroulement pratique
Après avoir montré à la personne examinée, une liste des cinq mots imprimés sur une feuille de papier en gros caractères, par exemple « musée, limonade, sauterelle, passoire, camion » (écrit un par ligne) et dire : « Je vais vous demander de lire ces cinq mots à voix haute et d’essayer de les retenir, car je vous les redemanderai tout à l’heure. »
Une fois la liste lue, et tout en montrant toujours la liste imprimée des cinq mots, dire au patient : « Pouvez-vous me dire, tout en regardant la feuille, quel est le nom de : la boisson – l’ustensile de cuisine – le véhicule – le bâtiment – l’insecte ? »
Il faut ensuite retourner la feuille et demander au patient : « Pouvez-vous me dire les mots que vous venez de lire ?»
Il faut noter le nombre de bons mots rappelés et le nombre d’intrusions (mots ne figurant pas dans la liste). Pour les mots non rappelés, et seulement pour ceux-ci, demander : « Quel était le nom de … ? »
Le score de rappel immédiat est le nombre de bons mots rappelés avec ou sans indiçage.
Le rappel différé consiste à demander au sujet de dire les mots de la liste après avoir réalisé une épreuve intercurrente destinée à détourner l’attention du sujet pendant 3 à 5 minutes (calcul mental, test de l’horloge ou autre), et à noter les bons mots rappelés, les intrusions et les mots non rappelés ; de même, pour ces derniers, proposer l’indice et noter son effet. Le score de rappel différé est le nombre de bon mots rappelés avec ou sans indiçage.
Le score total est la somme des scores de rappel immédiat et différé.
Objectif du test
Le test des cinq mots a pour objectif d’évaluer de façon rapide la performance de la mémoire épisodique, et faire la part entre plainte banale et trouble objectif de la mémoire.Interprétation :
Le résultat normal est de 10 points.
Un score abaissé traduit un trouble objectif de la mémoire non amélioré par l’indiçage, ce qui est en faveur d’un trouble de l’encodage de l’information, pouvant indiquer l’existence d’une démence. L’existence d’intrusions au cours du test est un élément qualitatif en faveur d’un processus démentiel. Les troubles de mémoire avec difficulté du rappel sans trouble de l’encodage sont améliorés ou corrigés par l’indiçage, et sont plus souvent en rapport avec les effets du vieillissement cérébral ou des troubles attentionnels. Ce test a été validé pour des patients atteints de maladie d’Alzheimer.
Références : Dubois B, Touchon J, Portet F, Ousset PJ, Vellas B, Michel B. Les 5 mots : une épreuve simple et sensible pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Presse Med 2002.31 : 1696-9 ;
Source : Rédaction Pr. Joel Belmin.Service de gériatrie et Consultation mémoire, Hôpital Charles Foix, 94 Ivry-sur-Seine Mise en ligne Avril 2010
Test de l’horloge
Objectif, cotation et interprétation
Ce test a pour but de dépister de façon très rapide les troubles de la mémoire et de la compréhension (troubles cognitifs, fonctions exécutives, praxies visuo-constructives). Il faut bien expliquer l’objectif et le déroulement du test à la personne testée et s’assurer qu’elle a des capacités de communication et de coopération suffisantes pour que l’interprétation soit fiable. Il n’y a pas de limite de temps pour réaliser ce test. La cotation du test de l’horloge est faite de 0 à 10 points et l’interprétation est présentée dans le tableau ci après. Il faut noter que le score de 6 ne permet pas de porter une conclusion.
Note | Critère | Interprétation |
1 | Tout est faux ou ininterprétable ou il n’y a pas eu d’essai. | anormal |
2 | Ce qui est dessiné a un rapport avec les consignes, mais l’organisation spatiale des chiffres est inappropriée, | anormal |
3 | Chiffres des heures plus connectés au dessin du cadran. Aiguilles pas présentes de façon reconnaissable. | anormal |
4 | Chiffres absents ou écrits en dehors de l’horloge, ou séquence fausse. Aiguilles non clairement représentées. | anormal |
5 | Persévération ou arrangement inapproprié des chiffres (ex : chiffres indiqués par des points). Les aiguilles peuvent être représentées, mais ne pointent pas forcément des chiffres | anormal |
6 | Usage inapproprié des aiguilles (par exemple, affichage digital ou entoure les chiffres des heures malgré des instructions répétées). Accumulation des chiffres d’un côté de l’horloge ou chiffres à l’envers. | limite |
7 | Placement des aiguilles de façon significativement fausse (plus d’un chiffre). | normal |
8 | Erreurs plus notables dans le placement des heures et des minutes (moins de un chiffre), l’espace entre les chiffres montre un trou. | normal |
9 | Légère erreur dans le placement des aiguilles (pas exactement sur 8 et 4) mais pas franchement sur un autre chiffre, ou un chiffre manquant sur l’horloge. | normal |
10 | Chiffres et aiguilles en position approximativement correcte. Les aiguilles des heures étant clairement distinctes de celles des minutes. | normal |
Exemples
Références : Sunderland T, Hill JL, Mellow AM, et al. Clock drawing in Alzheimer’s disease. A novel measure of dementia severity. J Am Geriatr Soc. 1989
Source : Information Automesure.com © Rédaction Pr. Joel Belmin. Service de gériatrie et Consultation mémoire, Hôpital Charles Foix, 94 Ivry-sur-Seine Mise en ligne Avril 2010.
Les tests de mémoire
Depuis cette rubrique, nous présentons ou donnons accès à des tests de mémoire ayant fait l’objet d’études scientifiques. Cette liste n’est pas exhaustive, mais nous avons sélectionné les tests les plus fréquemment utilisés. Ce ne sont pas des jeux, comme il en existe dans le commerce, mais des outils médicaux pour évaluer les troubles de mémoire. Ils ne doivent pas être utilisés sans avoir au préalable pris connaissance de nos informations. Leur interprétation doit se faire avec un médecin.
Mini Mental Status Examination (MMSE)
Il comporte 18 questions ou épreuves et dure environ 15 minutes. Lire les questions
Test CODEX
Il est réalisable en 3 minutes. Pour en savoir plus sur ce test, voir le site testcodex.org réalisé par le Pr Belmin
Test de l’horloge
Le test de l’horloge consiste à présenter au sujet une feuille sur laquelle un cercle est dessiné. On demande au sujet de représenter à partir de ce cercle le cadran d’une horloge ou d’une montre en plaçant les graduations et les chiffres sans utiliser de modèle. Une fois cela fait, on lui demande dans un second temps de dessiner les aiguilles pour représenter une heure précise (par exemple, 2 h 45, ou bien 19 h 20). (Pour en savoir plus, cliquez ici)
Test des 5 mots
Ce test consiste à montrer à la personne examinée, une liste des cinq mots imprimés sur une feuille de papier en gros caractères. L’examinateur pose ensuite une série de questions ayant trait aux mots qui viennent d’être mémorisés plus ou moins bien. Ce test rapide fait la part entre une plainte banale de trouble de la mémoire ou la mise en évidence d’un trouble objectif de la mémoire. Plus de détails, lire
Source : automesure.com® Mai 2012.
Informations sur les troubles de la mémoires pour les professionnels de santé
Faut-il une évaluation médicale pour les patients se plaignant de leur mémoire, même après 80 ans ?
Oui. Il faut éviter de rassurer hâtivement une personne âgée qui se plaint de sa mémoire, sans avoir fait une évaluation clinique précise incluant une évaluation rapide des fonctions cognitives. Les effets du simple vieillissement sur la mémoire sont relativement modérés. Ils n’expliquent pas l’existence de troubles de la mémoire gênant la vie quotidienne.
Est-il possible d’évaluer la mémoire d’un patient en milieu non spécialisé ?
Oui. Il est possible de réaliser une évaluation précise de la mémoire et de donner au patient des conseils pertinents en consultation de médecine générale. Pour la réaliser en un temps limité l’interrogatoire et l’examen clinique recherchent :
- la prise de médicaments
- des troubles de l’humeur
- une atteinte cérébrovasculaire ou neurologique
- des anomalies des fonctions cognitives
Points clés à rechercher et les réponses :
– A) Le patient prend-t-il des médicaments pouvant perturber la mémoire ?
Le professionnel recherche la prise de benzodiazépines et apparentés, de neuroleptiques et de médicaments ayant des propriétés anticholinergiques.
– B) Le patient a –t-il des troubles de l’humeur qui peuvent interférer sur sa mémoire, telle une dépression ou des troubles anxieux ?
Le professionnel doit recueillir les antécédents. L’interrogatoire recherche des symptômes dépressifs ou anxieux. Il faut systématiquement poser des questions au patient, car certains d’entre eux ne parlent pas spontanément de leurs difficultés. Il faut notamment rechercher une humeur triste, une perte d’intérêt, une modification du poids, des troubles du sommeil, une perte d’énergie, des sentiments de culpabilité ou de dévalorisation, des pensées de mort.
– C) Y a-t-il des symptômes « suspects » qui peuvent faire craindre une démence ?
Certaines situations ou symptômes doivent inciter à recherche un syndrome démentiel :
• la personne concernée a plus de 70 ans
• les difficultés de mémoire se sont majorées au cours des derniers mois ou semaines
• la personne concernée a besoin de l’aide d’une autre personne pour accomplir certains gestes de la vie quotidienne, comme gérer son budget, utiliser le téléphone, se déplacer et prendre les transports en commun, gérer la prise de ses médicaments
• la personne concernée minimise ses difficultés de mémoire ou les nie, alors qu’elles sont perçues comme importantes par l’entourage familial/amical
• le comportement de la personne concernée a changé
• la personne concernée prend plusieurs médicaments, ou a fait des chutes, ou a maigri récemment sans suivre de régime
• la personne concernée a eu un accident vasculaire cérébral ou est atteinte d’une maladie neurologique (maladie de Parkinson ou autre).
– D) Y a-t-il une maladie cérébrovasculaire ou une maladie neurologique autre ?
Le professionnel recueille les antécédents et procède à un examen physique.
– E) L’évaluation rapide des fonctions cognitives est-elle anormale ?
Pour répondre à cette question, il faut réaliser un test rapide pour évaluer les fonctions cognitives. Le plus classique est le test du Mini Mental Status Examination qui comporte 18 questions ou épreuves et peut être réalisé en 15 mn environ. Le test CODEX est réalisable en 3 minute, le test des 5 mots est également de réalisation simple. (Pour en savoir plus, voir la rubrique tests).
Que conseiller au patient au terme de l’évaluation ? (quatre cas de figures)
A) Une cause probable est trouvée
En cas d’utilisation de médicament pouvant perturber la mémoire, conseiller un arrêt si cela est possible. Attention, s’il s’agit de benzodiazépines utilisées depuis plus de 30 jours, il faut les arrêter de façon progressive (pas de sevrage brutal). En cas d’épisode dépressif majeur ou de trouble anxieux généralisé, il faut entreprendre une prise en charge spécifique, si besoin avec l’aide d’un psychiatre. Les traitements font appel à des psychothérapies et/ou des médicaments antidépresseurs, le plus souvent de type inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Dans ces deux cas de figure, il faut revoir le patient à distance (2 ou 3 mois par exemple) pour voir si les symptômes se sont amendés et pour refaire une évaluation cognitive.
B) Le test d’évaluation cognitive est anormal
Il faut orienter le patient vers une consultation spécialisée, idéalement vers une consultation mémoire où vous obtiendrez une évaluation approfondie des fonctions cognitives et l’avis d’un médecin spécialisé. Il est possible à ce stade de prescrire une imagerie cérébrale (IRM cérébrale, ou en cas de contre-indication ou d’accès difficile, un scanner cérébral) qui sera utile pour l’évaluation spécialisée. L’objectif premier du bilan spécialisé est le suivant : y a-t-il une démence, et si oui, de quelle origine ?
C) Le test d’évaluation cognitive est normal :
Il est possible de rassurer le patient quant à son état actuel. Il est très important de revoir le patient à distance pour une nouvelle évaluation cognitive, par exemple à 6 mois, ou bien avant si les symptômes venaient à se majorer. Cela est particulièrement important si le patient a une maladie neurologique et/ou des symptômes « suspects ». En effet, les tests d’évaluation rapide des fonctions cognitives peuvent parfois être pris en défaut (faux négatifs, maladie vue au stade très débutant). Dans ces cas, l’évaluation à six mois permet de rectifier la stratégie de prise en charge.
D) Le test d’évaluation cognitive n’est pas réalisable :
Il peut s’agir de problèmes sensoriels (vision audition) qu’il faut prendre en charge. Il peut s’agir de patients comprenant ou parlant mal le français. Il peut aussi s’agir de patients ne souhaitant pas coopérer par refus ou dans le cadre de problèmes psychiatriques. Dans ces cas, le recours aux centres spécialisés doit être fait au cas par cas.
Auteur : Professeur Joël Belmin.
Service de gériatrie et Consultation mémoire, Hôpital Charles Foix, Ivry-sur-Seine, contact mail automesure.com® Rédaction Janvier 2009
Troubles de la mémoire
Chacun peut éprouver à un moment ou un autre de sa vie des difficultés avec sa mémoire : on ne se souvient plus d’événements récents ou anciens ; on oublie de faire certaines choses importantes. Dans la plupart des cas, la gêne est passagère et ne correspond pas à un problème de santé. Mais il se peut que les troubles de la mémoire révèlent certaines maladies
Quels problèmes de santé peuvent se manifester par des troubles de la mémoire ?
Il y en a plusieurs :
- La maladie d’Alzheimer est la plus redoutée et médiatisée des maladies qui affecte la mémoire. C’est une maladie du cerveau lentement progressive. Elle se manifeste par des troubles de la mémoire mais aussi d’autres fonctions comme le raisonnement, l’attention ou le langage (on parle de fonctions cognitives). En dépit de progrès des connaissances sur ses mécanismes, sa cause reste inconnue.
- On rapproche de la maladie d’Alzheimer certaines maladies apparentées, comme la démence à corps de Lewy, les démences fronto-temporales, les troubles cognitifs d’origine vasculaire, ou encore ceux associés à la maladie de Parkinson.
- L’utilisation de certains médicaments peut altérer la mémoire. Citons les benzodiazépines (utilisées pour l’insomnie et pour l’anxiété), les neuroleptiques (utilisés pour des troubles psychiatriques et des troubles du comportement) et les médicaments ayant des propriétés anticholinergiques (on reconnaît ces derniers assez facilement en lisant leur notice, ils sont contre-indiqués en cas d’adénome de la prostate et en cas de glaucome).
- La dépression ou l’anxiété.
- Les maladies respiratoires chroniques et en particulier le syndrome d’apnée du sommeil
- D’autres maladies plus rares peuvent aussi être en cause.
Le vieillissement entraîne t-il des pertes de mémoire ?
L’avancée en âge est associée à une diminution légère des performances de la mémoire. Mais cet effet du vieillissement sur la mémoire n’est pas suffisant pour entraîner des pertes de mémoire dans le fonctionnement quotidien. Aussi, faut-il éviter de dire hâtivement à une personne âgée qui se plaint de sa mémoire : « à votre âge, c’est normal ! ». Du reste de nombreux centenaires ont une bonne mémoire !
Faut-il consulter un médecin ?
Si vous vous plaignez de votre mémoire, ou quelqu’un de votre entourage, demandez l’avis de votre médecin. Il est indispensable faire un bilan médical devant une ou plusieurs des situations suivantes :
• la personne a plus de 70 ans
• les difficultés de mémoire se sont majorées au cours des derniers mois ou semaines
• la personne concernée a besoin de l’aide d’une autre personne pour accomplir certains gestes de la vie quotidienne, comme gérer son budget, utiliser le téléphone, se déplacer et prendre les transports en commun, gérer la prise de ses médicaments
• la personne minimise ses difficultés de mémoire ou les nie, alors qu’elles sont perçues comme importantes par l’entourage
• la personne a changé de comportement ou de personnalité
• la personne prend plusieurs médicaments, ou a fait des chutes, ou a maigri récemment sans suivre de régime
• la personne a eu un accident vasculaire cérébral ou est atteinte d’une maladie neurologique (maladie de Parkinson ou autre).
Quel bilan médical en cas de troubles de la mémoire ?
Le médecin pose des questions sur les symptômes, sur les antécédents et les médicaments pris. Il examine notamment au plan cardiovasculaire et neurologique. Il fera passer des tests simples (évaluation cognitive). En fonction des résultats des tests et de l’examen clinique, le médecin peut proposer, si cela est nécessaire, une consultation spécialisée pour réaliser une évaluation plus détaillée et rencontrer un médecin spécialisé (gériatre, neurologue, ou psychiatre). Ce bilan en milieu spécialisé est au mieux réalisé dans une « Consultation mémoire » qui réunit psychologues et médecins spécialisés dans le diagnostic de ces problèmes.
Les tests les plus fréquemment utilisés sont :
- Le Mini Mental Status Examination ou MMSE. Il comporte 18 questions ou épreuves et dure environ 15 minutes.
- Le test CODEX, réalisable en 3 minutes,
- Le test de l’horloge
- Le test des 5 mots.
Comment trouver une consultation mémoire ?
– Demandez conseil à votre médecin traitant.
– Consulter l’annuaire des CLIC (centre local d’information et de coordination)
Les consultations mémoire sont regroupées dans le cadre d’organisations régionales, les CMRR , qui disposent de la liste de ces consultations dans chaque région.
Auteur : Professeur Joël Belmin.
Service de gériatrie et Consultation mémoire, Hôpital Charles Foix, Ivry-sur-Seine, contact mail automesure.com® Rédaction Novembre 2008