Que penser des autotests du Covid ?

Qu’appelle t’on autotest ?

Les infections urinaires

Un autotest est un test que l’on fait soi-même. Il existe de nombreux autotests à visée médicale, un des plus courants est l’autotest de la grossesse. Grâce à lui, une femme, sans besoin de l’accord ni du compagnon, ni d’un professionnel de santé, ni de la mère lorsqu’il s’agit d’une mineure, peux utiliser l’autotest après l’avoir acheté en pharmacie ou sur internet. On trempe le dispositif dans les urines. Après quelques secondes, un voyant en couleur indique l’existence d’une grossesse ou pas.
Plusieurs autotests existent pour les maladies infectieuses. Ainsi les autotests servant à savoir si une personne a été en contact, ou pas, avec le virus du sida (VIH) existent depuis 2004. La décision de leur mise sur le marché grand public ont donné lieu à bien des débats et controverses.

La réponse immunitaire en autotest

La réponse de l’organisme au contact d’un virus, se manifeste par la production d’anticorps, que la maladie ait été grave, légère, voire silencieuse, situation la plus fréquente actuellement pour le coronavirus. L’apparition des anticorps débute deux semaines après le contact avec le virus. Il existe deux classes différentes d’anticorps, les IGM (qui vont disparaitre en un mois) et les IgG (qui persistent longtemps après le contact initial avec le virus).

Dans un monde idéal, chaque personne devrait connaitre sa situation immunologique vis-à-vis du coronavirus, quand les tests nécessaires au laboratoire ou, peut-être, les autotests seront disponibles. Sans anticorps, on reste exposé aux risques de la rencontre avec le virus. En présence d’anticorps dans le sang, on est protégé contre une nouvelle rencontre avec le même virus et, ne le portant plus, on ne le transmet plus. C’est pour cela que les professionnels de santé doivent obligatoirement passer des tests vis-à-vis des expositions au virus de l’hépatite virale B ; à la fois pour que l’employeur (l’hôpital, la clinique par exemple) protège le professionnel (le vaccin contre l’hépatite est obligatoire pour les professionnels de santé), à la fois pour s’assurer qu’il n’y a pas de possibilité de transmission.

Dans le cas du coronavirus, connaitre son statut immunologique permettra de prendre des décisions mieux adaptées pour des possibilités de confinement (quarantaine), de reprise de travail et d’activité, de protection.

Quand un autotest est-il fiable ?

En médecine, la question de la fiabilité d’un test n’est jamais simple et peut susciter des débats légitimes, scientifiquement complexes. En Europe, comme aux Etats-Unis, les autorités de santé examinent la validité des tests avant leur commercialisation. Leur accord pour une mise sur le marché est une étape clé. Il faut a priori se méfier d’un test qui n’a pas reçu l’accord (on dit la certification) d’une autorité (par exemple la FDA aux Etats-Unis ou l’ANSM pour la France). Comme pour toutes marchandises, il peut exister des tests validés de qualités différentes. C’est vrai pour les voitures, les vêtements ou les machines à laver : il en est de même pour le matériel médical.

Il est rare qu’un test médical soit fiable à 100 %.  Un test peut par exemple « répondre » par erreur absence d’anticorps dans le sang (témoin du contact passé avec un microbe) alors qu’il est présent. On parle de faux négatif. A l’inverse, le test peut « répondre » que l’anticorps existe, alors qu’il n’est pas présent. On parle de faux positif. Les images ci-après illustrent bien ces notions.

On dit qu’un test est fiable à 100 % lorsqu’il ne se trompe jamais. Un test qui serait fiable à 50 % reviendrait à lancer une pièce en l’air pour tirer à pile ou face (moitié de chances qu’elle tome sur face, moitié sur pile). Dans ce dernier cas on peut donc affirmer que la fiabilité du test est nulle. Entre les deux, tout est possible.

Les raisons d’obtenir une mauvaise réponse sont multiples. Elles concernent la qualité du test en lui-même ou bien ses conditions d’utilisation.

• Qualité du test lui-même : un autotest est un produit fabriqué, transporté, conservé. Il en est de bonne ou de moins bonne qualité.

•Conditions d’utilisation du test : il peut arriver qu’on manie mal un test fiable et dans ce cas la réponse est fausse. Prenons des exemples : il existe des autotests de recherche de sucre dans les urines (à l’usage des diabétiques). Si le prélèvement d’urines est fait dans un verre mal lavé (par exemple où il reste des traces de boisson sucrée) : le test donnera une réponse faussement positive. Prenez un test de présence de virus dans le rhinopharynx de la grippe ; si le bâtonnet avec un coton (l’écouvillon) du test n’est pas correctement appliqué dans la profondeur du nez, le test risque de donner une réponse faussement négative alors que le virus est présent.

• En pratique, utiliser un autotest implique de lire et suivre scrupuleusement le mode d’emploi, et l’effort de réflexion n’est pas négligeable.

Pour : Quels sont les arguments en faveur des autotests Covid ?

On peut attendre des autotests qu’ils soient d’un usage plus pratique que le recours aux laboratoires de biologie. Cette facilité peut permettre de tester le maximum de personnes, partout, et éventuellement plusieurs fois.
Avec un autotest, il n’y a pas besoin de se déplacer au laboratoire, une livraison à domicile ou un achat en pharmacie suffit. Il n’y a pas d’intervention d’un tiers pour une prise de sang. Le résultat est connu sans délai, sans intermédiaire. On peut attendre que les coûts soient acceptables compte-tenu des nombres De plus, directement dans tous les sites de soins, les médecins pourraient au mieux proposer cette technique lors de toute consultation médicale.

Contre : Quels sont les arguments en défaveur des autotests Covid ?

A la date du 6 avril 2020, les autotests Covid ne sont pas encore disponibles. Ils ne devront être proposés qu’après une double validation : la technique et la valeur informative sur l’état immunologique de la personne testée avec les décisions qui en découlent. Pour savoir si un test génère des faux positifs ou des faux négatifs, il faut connaitre ses performances par comparaison à la meilleure technique de référence. L’utilisation de ces tests n’est pas acceptable s’ils manquent de reproductibilité, de spécificité (trop de faux positifs) ou de sensibilité (trop de faux négatifs).

Il y a-t-il des arnaques avec les autotests Covid ?

En médecine il existe de nombreux exemples de tromperies : fake news, médicaments prétendument efficaces alors qu’ils sont en réalité d’effets nuls voire même dangereux, falsifications ou copies fabriquées dans des usines clandestines, etc. Les ventes sur internet augmentent les possibilités d’acheter n’importe quoi, fabriqué n’importe où. Le consommateur doit être informé et vigilant.

Le 20 mars 2020, les autorités nord-américaines (FDA, Food and Drugs Administration) ont lancé une alerte sur la vente frauduleuse de « Covid 19 Home test kits). « Nous voulons alerter le public américain qu’à l’heure actuelle, la FDA n’a autorisé aucun test disponible à l’achat pour vous tester vous-même à domicile pour le COVID-19. La FDA voit l’intérêt pour la santé publique d’étendre la disponibilité des tests COVID-19 grâce à des tests sûrs et précis qui peuvent inclure la collecte à domicile, et nous travaillons activement avec les développeurs de tests sur ce domaine ».

https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/coronavirus-covid-19-update-fda-alerts-consumers-about-unauthorized-fraudulent-covid-19-test-kits

Quels sont les différents tests Covid existants ?

Pour avoir des informations sur la disponibilité des différents tests diagnostics pour l’infection à coronavirus, cliquez ici


Source : automesure.com 
Rédaction : Professeur Joël Ménard (Professeur de santé publique et ancien directeur général de la santé) et Docteur Nicolas Postel-Vinay (Hôpital européen Georges Pompidou. Paris
Actualisation : 3 janvier 2022.