Les médicaments anticoagulants


Qu’est-ce qu’un médicament anticoagulant ?

Les médicaments anticoagulants ont pour effet d’éviter la formation de caillots sanguins (thrombus) dans les veines, les artères ou le cœur. Leur action consiste en un « ralentissement » de la coagulation. De façon populaire, on dit parfois que les anticoagulants « fluidifient le sang », ce qui n’est pas vraiment exact.

Il existe deux sortes de médicaments anticoagulants les :
    — antivitamines K (AVK) qui se présentent sous forme de comprimé à avaler. (Dans cette famille, le dictionnaire Vidal, édition 2001, répertorie : l’Agegmone®, la Coumadine®, le Mini-Sintrom®, le Sintrom®, la Pïndione® et le Préviscan®),
    — héparines qui se présentent sous forme injectable (administrées par piqûres sous cutanées ou par perfusion).

Nota bene : L’aspirine peut être prescrite pour modifier la coagulation : mais ce n’est pas un médicament anticoagulant, c’est un médicament anti-aggrégant

Dans quelles situations les anticoagulants sont-ils utilisés ?

Seul votre médecin peut exactement définir si vous avez besoin — ou non — d’un anticoagulant, et si oui, pendant quelle durée : en aucun cas les traitements anticoagulants ne peuvent être pris en automédication (c’est-à-dire sans avis médical).

La prescription de votre médecin tient compte des bénéfices à attendre des anticoagulants, des contre-indications et des effets indésirables de ces traitements (plus fréquents dans certaines situations particulières). Cette analyse n’est pas toujours facile à faire, même pour un médecin.

Voici quelques exemples d’affections et/ou de situations pouvant justifier la prescription d’un anticoagulant par le médecin : 
    — phlébites profondes (caillot dans les veines profondes),
    — implantation de certaines valves cardiaques,
    — embolie pulmonaire (caillot de sang qui se bloque dans le poumon),
    — immobilisation prolongée ou plâtre (le fait d’immobiliser une jambe dans un plâtre favorise la constitution de caillots sanguins ; phlébite).
    — troubles du rythme cardiaque, par exemple la fibrillation auriculaire (battements cardiaques irréguliers)

Pourquoi surveiller son traitement anticoagulant ?

La surveillance de l’efficacité des médicaments anticoagulants est indispensable pour recevoir la dose appropriée. Deux buts sont recherchés :
1. Efficacité : le traitement doit être efficace (ralentir suffisamment la coagulation pour éviter la formation de thrombus). Un traitement pas assez dosé ne sert à rien.
2. Sécurité : un traitement trop dosé peut faciliter l’apparition d’hémorragies.

Les médicaments anticoagulants de la famille des antivitamines K sont très efficaces et très utiles, à condition que leur action soit bien contrôlée. Pour connaître la dose (posologie) à prescrire, il est nécessaire de mesurer très régulièrement l’activité du médicament dans le sang de la personne traitée. Les anticoagulants de la famille des antivitamines K doivent être surveillés en dosant régulièrement un paramètre biologique appelé INR (International Normalized Ratio) ; nous expliquons plus loin ce terme compliqué. Continuez votre lecture.

En cas de surdosage ou d’interactions avec d’autres médicaments, les anticoagulants peuvent être à l’origine d’hémorragies

Effets indésirables que l’on cherche à éviter

Ces accidents peuvent se limiter à des ecchymoses (« bleus » sur la peau), un saignement des gencives ou du nez, des hématomes sans gravité. Mais dans certains cas, des hémorragies cérébrales ou digestives graves peuvent survenir.

Situations pouvant favoriser ces hémorragies :
    — dose trop forte de médicament (dans ce cas, le taux d’INR est supérieur à 5),
    — interaction avec d’autres médicaments : il est important de ne prendre aucun autre médicament sans l’avis préalable de votre médecin.

Pour éviter l’apparition de tels accidents, il est indispensable de surveiller très régulièrement l’efficacité du traitement et de bien connaître toutes les informations concernant les médicaments. Votre médecin est prêt à vous informer très clairement : n’hésitez pas à lui demander toutes explications dont vous avez besoin.

Qui surveille le traitement anticoagulant ?

Le médecin qui prescrit un médicament anticoagulant doit simultanément mettre en place la surveillance adéquate de ce traitement. C’est indispensable. Chacun a un rôle important à jouer : les différents médecins ayant en charge le malade, le biologiste qui effectue l’analyse de sang, la personne traitée elle-même, et le cas échéant, son entourage. La surveillance d’un traitement par anticoagulant de la famille des antivitamines K est délicate : une bonne information et la participation du patient sont nécessaires. L’entourage doit être également impliqué.

Erreurs à ne pas commettre lorsque l’on prend des anticoagulants

Les traitements anticoagulants de la famille des antivitamines K impliquent le respect de précautions. Celles-ci sont indiquées dans la notice que contient votre boîte de médicaments. Lisez-la attentivement, et si besoin, demandez à votre médecin de vous expliquer les points que vous ne comprenez pas bien. Parmi les erreurs les plus courantes, citons :
     — Oublier de contrôler régulièrement l’efficacité de son traitement par une analyse de sang pour la mesure de l’INR. 
     — Oublier de signaler à son médecin la survenue d’accidents hémorragiques, même légers (ecchymoses, saignement des gencives, par exemple).
     — Prendre sans avis médical d’autres médicaments pouvant exposer à un risque de saignement (aspirine, anti-inflammatoire, par exemple, dont l’association avec le traitement anticoagulant peut-être source d’accidents comme beaucoup d’autres médicaments).

Pour en savoir plus

• La Fédération française de cardiologie édite une brochure destinée au patient relevant d’une anticoagulation par antivitamine K. Demandez-la à votre médecin ou à la Fédération française de Cardiologie, 50, rue de Rocher, 75008 Paris.

Rubrique réalisée sous la direction du Professeur Joël Ménard,  Santé publique et informatique médicale, Faculté de Médecine Broussais Hôtel-Dieu, 
15, rue de l’École de Médecine 75006 Paris.
Rédaction : Dr Nicolas Postel-Vinay, Dr Isabelle Colombet, Pr Joël Ménard.  Hôpital Européen Georges Pompidou.  Rédaction automesure.com®, mai 2001