À la vôtre ! Santé ! Dans l’imaginaire populaire, la consommation d’alcool est souvent valorisée. La grande majorité des consommateurs perçoit les côtés positifs de l’alcool (convivialité, goût agréable, etc.) et dans ce contexte, il est difficile de faire percevoir les usages à risque et nocif. C’est pourtant un préalable pour qu’une intervention d’aide et de soins soit possible. Alors, comment repérer les usages à risque ou nocifs ?
L’usage à risque « c’est combien, quand et comment » ?
Combien ?
Les consommateurs à risque ont une consommation supérieure à 35 verres par semaine chez l’homme, supérieure à 21 verres par semaine chez la femme et/ou supérieure à 4 à 5 verres par occasion. Ce seuil ne signifie pas que toute consommation inférieure ne pose aucun problème ou, a priori, puisse être encouragée.
Quand ?
Le danger de l’alcool est augmenté dans certaines circonstances :
– grossesse
– conduite automobile ou de machines ;
– association à certains traitements psychotropes.
Comment ?
La consommation à risque peut provenir :
– de la précocité de la consommation ;
– du cumul de consommation d’alcool avec d’autres substances ;
– de la recherche d’ivresses et notamment en cas d’ivresses précoces ou répétées ;
– de la consommation solitaire à visée anxiolytique ou antidépressive
L’usage nocif : quand les problèmes commencent…
Les personnes qui rentrent dans cette catégorie sont appelées » consommateurs à problèmes « . Ce type de consommation ne se définit pas par un seuil de consommation, mais par l’existence de dommages liés à une consommation d’alcool répétée sans signe de dépendance. Cette catégorie correspond à la définition de l’abus par le DSM IV et de l’utilisation nocive à la santé de la CIM 10..
La dépendance : quand la liberté est perdue
La dépendance est une perte de maîtrise de la consommation d’alcool. Moins qu’un seuil quantitatif, c’est d’abord la perte de la liberté de s’abstenir de consommer. Elle se traduit cliniquement par l’installation d’une tolérance et des signes de sevrage à l’arrêt de la consommation.
Les formes précoces : difficile à repérer
ll est difficile de repérer les personnes qui présentent une consommation entraînant – ou susceptible d’entraîner – des problèmes. Dans un but pratique, l’idée d’un continuum allant d’un usage socialement intégré à faible risque à une consommation importante génératrice de multiples problèmes médicaux, sociaux, psychologiques et de dépendance, a progressivement remplacé celle d’une frontière tranchée entre consommation pathologique et non pathologique. Heureusement, l’évolution d’une catégorie vers une autre plus grave est loin d’être systématique et le retour spontané vers une catégorie de risque inférieur est également possible.
Il est important de noter qu’au stade précoce, l’entretien n’est pratiquement jamais motivé par la consommation d’alcool et par une demande de soins. C’est pourquoi le dépistage ne peut être le fait de spécialistes. Il est du domaine des médecins généralistes. Cependant, beaucoup de patients jeunes ne consultent pas. C’est dire l’importance du rôle des enseignants, des travailleurs sociaux, du médecin du travail et, bien sûr, de l’entourage.
Le dépistage doit être systématique
En France, trois millions de personnes sont concernées par un usage à risque et/ou nocif d’alcool. Le dépistage systématique de l’usage nocif d’alcool est actuellement recommandé aux médecins par de nombreuses institutions.
Une consommation dangereuse d’alcool peut être dépistée de manière relativement simple. Il faut la faire préciser systématiquement pour tout nouveau patient, au même titre que les antécédents personnels et familiaux ou d’autres facteurs de risque tels que la consommation de tabac, de médicaments, les habitudes alimentaires, l’activité physique. La minimisation, souvent mise en avant, a peu d’importance puisqu’il s’agit d’apprécier cette consommation par rapport à un seuil d’intervention et non de l’évaluer avec exactitude.
Cette consommation est évaluée en verres, unité internationalement reconnue de consommation que les patients savent bien exprimer. La quantité d’alcool ingérée est indépendante du type de boisson consommée car la taille des verres est inversement proportionnelle à la teneur en alcool de la boisson.
Ainsi, si l’on considère les verres de café » standards « , il y a sensiblement autant d’alcool dans un verre de spiritueux, de vin ou de bière, soit environ 10 à 12 g d’alcool pur.
Il convient de différencier :
– les consommations régulières, quotidiennes : le nombre de verres consommés au cours de la semaine précédente donne une bonne idée de la situation ;
– les consommations irrégulières : estimer le nombre de verres consommés par occasion de boire, ainsi que le nombre de jours avec alcool, par semaine ou par mois selon les cas.
Accès au questionnaire AUDIT (OMS)
Le questionnaire Audit est en ligne de façon interactive sur automesure.com. Pour lire l’article original cliquez
Validation d’un test de dépistage pour adolescents : le CRAFFT
Le questionnaire CRAFFT est utile pour le dépistage précoce des adolescents en difficultés avec l’alcool. Il est fiable et validé comme le montre une enquête menée par V. Picard, L. Gerbaud et coll publiée dans la Revue du Praticien que nous remercions de nous avoir autorisé de mettre en ligne ce document en accord avec les auteurs.
Lire l’article » Validation d’un test de dépistage de l’usage nocif de l’alcool « . Rev Prat MG 2002 ; 573 : 699-703
Bibliographie
Les informations de cette page sont principalement adaptées du livre de Michel Lejoyeux, François Paille et Michel Reynaud. Usage nocif de substances psychoactives. Chapitre III – Repérage et évaluation des usages à risque et de l’usage nocif d’alcool. La documentation française 2002, Paris. ISBN : 2-11-005024-1.
Rédaction :automesure.com® – Dernière actualisation mars 2014 Dr Anne-Laurence Le Faou (Hôpital européen Georges Pompidou, 75015 Paris). Dr Nicolas Postel-Vinay (Hôpital européen Georges Pompidou, 75015 Paris)